Avez-vous une hostilité, explicite ou implicite, mais violente et agressive envers des individus dont les préférences amoureuses ou sexuelles concernent des individus de même… Humm? ahh « N »omophobie?? Ok…
Afin de comprendre le phénomène appelé « nomophobie » (contraction de no mobile phobia), il faut avant tout revenir à l’analyse d’Otto Fenichel, datant de 1946, qui évoque, pour la première fois, la notion de « toxicomanie sans drogue ». Le téléphone, de fait, n’est pas une drogue mais simplement l’outil qui va révéler la tendance addictive d’un individu.
Journée sans portable à la saint Gaston, 08/02/2012, BFMTV
Une addiction à « l’autre »
L’un de mes professeurs avait parfaitement résumé toute la complexité de ces pathologies addictives liées à la cyberdépendance à travers cette citation :
« La main est la métaphore du moi dont le but est de serrer le monde dans son poing fermé. »
Cette phrase résume mieux que tout autre commentaire la teneur de l’addiction liée aux smartphones : avec l’accès à internet, aux réseaux sociaux et à diverses applications, ces téléphones sont devenus un véritable concentré ultra-réduit du monde contemporain.
S’il y a dépendance, il est important de souligner qu’il n’y a pas dépendance à l’objet mais bel et bien à « l’autre ». L’objet, en l’occurrence le téléphone, n’est qu’un médium, un canal d’expression à l’addiction. Cette dépendance n’est, au fond, que la manifestation d’une incapacité plus profonde à être seul.
Ce phénomène passionnel, cette dépendance n’appartient donc pas à un support propre et peut donc s’exprimer de diverses façons. Certains ont développé une addiction pour des mondes virtuels, d’autres pour des sites de rencontres ou encore pour les réseaux sociaux. Dans ce cas précis, cela s’apparente à une quête, constante, de reconnaissance, d’un retour de la part des autres, devenus une sorte « d’audimat intime ».
Des individus aux tendances narcissiques
Comme toute autre dépendance, les personnes susceptibles d’être en position de « manque » vis-à-vis de leur téléphone ont de fortes chances d’être identifiées comme des personnalités à tendance narcissique.
Concernant la typologie des smartphones et leurs potentiels addictifs, les téléphones à dimension « tactile » accentuent le rapport sensoriel et comblent la distance visuelle implicite aux conversations téléphoniques. Ainsi en touchant l’image, l’individu se l’approprie et comble une angoisse de séparation qu’impose la vision.
écran tactile d’un iPhone, New York, 13/07/2011 (Richard Drew/AP/SIPA)
Certains vont tenter de déplacer leur addiction vers une autre forme de dépendance, d’autres vont chercher des parades pour s’imposer des cadres les empêchant de s’adonner à leur addiction. Mais au fond, l’option susceptible d’aider sur le long terme ces « nomophobes » et de les délivrer de leurs « doudous » sans fil, cela reste la psychothérapie.