Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, a lancé un rappel à l’ordre à la République centrafricaine (RCA). Cela fait suite à l’adoption par le pays de la crypto-monnaie comme monnaie légale le 22 avril. La BEAC est la seule banque centrale des pays de la CEMAC comprenant la RCA, le Cameroun, le Tchad, le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale.
La semaine dernière, la BEAC a mis en place un groupe de travail pour examiner les implications de l’adoption de la crypto-monnaie par la RCA sur l’architecture réglementaire en Afrique centrale. Ses conclusions n’ont pas encore été rendues publiques.
Dans une lettre adressée au ministre centrafricain des Finances et du Budget, Hervé Ndoba, Tolli a déclaré que cette décision contrevenait aux accords de coopération monétaire au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Selon le gouverneur, l’adoption de la crypto-monnaie par la RCA est problématique car elle viole les dispositions communautaires relatives au régime d’émission de monnaie et à la politique monétaire. « Cette loi laisse entendre que son objectif principal est d’établir une monnaie centrafricaine échappant au contrôle de la BEAC ; susceptible de concurrencer ou de supplanter la monnaie légale en usage dans la CEMAC et de compromettre la stabilité monétaire ».
Tout en appelant la RCA à rétablir une stricte conformité, le gouverneur de la BEAC a exhorté le ministre Ndoba, en sa qualité de président en exercice du comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (CAMU) et président actuel du conseil d’administration de la BEAC, à convoquer des réunions extraordinaires du conseil d’administration des deux structures. Les réunions doivent examiner les nombreuses implications de l’adoption récente de la cryptomonnaie sur les accords de coopération monétaire, en particulier la convention régissant les statuts de la CAMU et de la BEAC.