Tout le long de son histoire sur le continent africain, le groupe Orange a dû affronter plusieurs concurrents sérieux. Cependant, on peut difficilement se rappeler un acteur ayant réussi à faire vaciller le géant français sur l’un de ses terrains favoris comme l’a fait Wave. La fintech basée au Sénégal l’a forcé à lancer l’offre mobile money la moins chère du monde il y a quelques mois, tant sa stratégie de prix agressive a affolé les compteurs de l’opérateur. Malgré cela, Wave n’a pas cessé de croître en Afrique francophone, ayant durablement gagné le cœur des consommateurs et aujourd’hui un agrément institutionnel : celui de la BCEAO.
Le pingouin devient Établissement de Monnaie Électronique
Le 14 avril dernier, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a fait de Wave, la première structure non-bancaire, non-opérateur de télécommunications et opérant dans plusieurs marchés de l’espace UEMOA disposant d’une licence d’Établissement de Monnaie Électronique (EME).
L’agrément a été octroyé à Wave Digital Finance, filiale du groupe Wave Mobile Money. Dans son communiqué, celui-ci n’a pas manqué de souligner que « Cette décision de la Banque Centrale est un signal fort de la reconnaissance grandissante pour de nouveaux modèles d’inclusion financière conduits par des fintechs telles que Wave« .
Désormais, forte de son nouveau graal, la fintech n’aura plus nécessairement besoin d’être en partenariat avec des banques pour mener ses activités au sein de l’espace UEMOA. Elle pourra ainsi diversifier ses offres et proposer à ses clients des services d’épargne, de paiement marchand, de crédit, et de transferts internationaux.
De quoi poursuivre au mieux une révolution débutée en 2018 et qui s’est déjà étendue hors des frontières de la zone francophone du continent. Devenue leader du marché alors qu’elle souffrait de ce handicap, la société peut se réjouir de jouer désormais à armes égales avec ses principaux concurrents. On assiste donc au début d’une nouvelle ère dans cet affrontement marchand, au grand bonheur des consommateurs.
Qui arrêtera Wave ? Certainement pas Orange !
On a beaucoup parlé de Wave au Sénégal. En Côte d’Ivoire, les avis positifs ne manquent pas sur la valeur que l’entreprise apporte dans les groupes de consommateurs. Son buzz s’est étendu jusqu’en Ouganda où elle donne du fil à retordre aux filiales locales de deux autres géants que sont Airtel et MTN.
Sur les réseaux sociaux comme dans la presse, la fintech présidée par Drew Durbin a toujours su répondre aux attaques qui lui ont été lancées, notamment par Orange. Lorsque le community manager ivoirien du Français joue le dénigrement au moyen d’une comparaison iPhone vs « bescla » (téléphone de basse qualité dans l’argot ivoirien), celui de la startup sénégalaise contre-attaque avec une réplique dans le ton du moment qui fait mouche (« Quand iPhone se met à copier bescla, c’est que bescla a fait MECHANT-MECHANT).
Accuser Wave d’avoir tué des milliers d’emplois n’a pas permis à Orange d’entacher l’image de son rival. La directrice régionale de Wave dans l’UEMOA, Coura Sène, a toujours su quoi dire pour défendre l’image de sa marque, sans jamais manquer une occasion de rappeler le fort impact que ses équipes ont eu depuis leurs débuts dans la région. La preuve Wave Mobile Money est devenu leader en moins de 4 années d’opérations.
Elle est au mobile money africain ce que Free a été au secteur télécom français il y a plusieurs années. Ironiquement, la filiale sénégalaise de Xavier Niel n’a pas adopté le même positionnement, se contentant, comme Tigo avant elle, de seconder sa compatriote. On retiendra donc que sous nos tropiques, c’est l’effet Wave qui a tout renversé. Plus qu’une simple vague, c’est un véritable tsunami qui n’a pas fini de faire parler de lui.