L’industrie du mobile money en Côte d’Ivoire connaît une croissance rapide, offrant aux utilisateurs des moyens pratiques de gérer leurs transactions financières. Cependant, cette expansion s’accompagne de défis importants liés à la sécurité et à la prévention de la fraude. Un panel d’experts organisé par la fintech Wave Côte d’Ivoire a récemment mis en évidence ces vulnérabilités lors d’un échange à Abidjan.
Selon la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), l’année 2021 a enregistré 1232 affaires de fraude au porte-monnaie électronique en Côte d’Ivoire, pour un préjudice estimé à 55 millions de francs CFA. Ces chiffres alarmants mettent en évidence l’ampleur du problème de la fraude dans le secteur du mobile money.
Lors du panel d’échanges, Brice M’Bodi, directeur du risque chez Wave Côte d’Ivoire, a souligné que la fraude la plus courante dans le secteur découle de l’ingénierie sociale. Il a expliqué que de nombreux cas de fraude impliquent les utilisateurs eux-mêmes partageant leurs codes d’identification ou ne sécurisant pas correctement leurs cartes QR et smartphones. Cette composante personnelle dans les cas de fraude souligne l’importance de la sensibilisation des utilisateurs à la sécurité de leurs comptes mobiles.
En plus de l’ingénierie sociale, le panel a identifié d’autres formes courantes de fraude, notamment le phishing et la fraude par carte SIM, également connue sous le nom de « SIM swapping ». Cette dernière technique consiste à pirater une ligne téléphonique pour intercepter les messages destinés à l’utilisateur.
Marcelin Dougba, commissaire enquêteur principal à la Direction de l’informatique et des traces technologiques (DITT), a mis en évidence le vol d’identité des émetteurs de monnaie électronique (EME) et les dépôts par erreur comme des formes de fraude préoccupantes.
Les panélistes ont également souligné que certains utilisateurs sont plus vulnérables que d’autres, notamment les femmes, les personnes âgées, les utilisateurs novices, les individus en situation de précarité financière, ceux vivant en zones rurales et les personnes ayant déjà été victimes d’arnaques. Jean Baptiste Koffi, président de la Confédération des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire, a ajouté que les utilisateurs cupides, ceux susceptibles d’effectuer des opérations à la demande d’inconnus promettant des gains faciles, sont également à risque.
En ce qui concerne les recommandations, les experts ont proposé l’automatisation du suivi des plaintes pour gérer efficacement le volume élevé d’infractions au porte-monnaie électronique. Ils ont également suggéré la création d’un guide de l’utilisateur pour promouvoir les bonnes pratiques en matière de sécurité.