Par Alain Bastide sur
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Chaque fin d’année, les cabinets d’analyse interrogent leur boule de cristal pour prédire l’avenir du secteur informatique et prévoir les grands événements de l’année à venir. Le cabinet Forrester a interrogé 200 professionnels de l’informatique pour conforter son analyse des tendances pour la période 2012-14. De son côté, le cabinet Gartner s’est concentré sur les technologies clés de l’année à venir. Nous vous proposons une synthèse de ces deux analyses.
Tablettes : attention à l’hétérogénéité
Entre l’approche BYOD (Bring Your Own device) et l’adaptation des smartphones et autres tablettes au monde de l’entreprise, les DSI doivent se préparer à gérer une multitude de terminaux intelligents connectés au sein de leur entreprise. Différents formats, différents systèmes d’exploitation : seuls les outils capables de gérer cette hétérogénéité ont un avenir. D’autant que selon Gartner, même d’ici 2015, un salarié utilisera toujours 2 à 4 terminaux connectés.
Les mobiles redéfinissent l’interface utilisateur
À terme, même les ordinateurs portables destinés aux professionnels seront en permanence connectés et disposeront des mêmes composants que les smartphones : GPS, accéléromètre, etc. Associés à une connexion permanente, tous ces capteurs renseigneront le système d’exploitation et les logiciels sur le contexte de l’utilisateur. Tous les logiciels devraient intégrer progressivement ces données en temps réel pour simplifier leur interface utilisateur. « Le paradigme actuel est en train de changer. Les interfaces utilisateurs à base de fenêtres, de menus et de pointeurs seront remplacées par des modèles inspirés des smartphones et tablettes, mettant l’accent sur le toucher, le geste, la voix et la vidéo », prédit Gartner.
HTML 5 : le socle de développement incontournable
Face à la multiplication des modèles, HTML 5 pourrait s’imposer comme la solution la plus pérenne pour développer des applications vraiment portables (cross-platform) et adaptables aux différents types de terminaux mobiles : tablettes électroniques, smartphones, PC portables, etc. Cependant, cette technologie ne permet pas de profiter des spécificités des terminaux, iOS et Android ont donc encore un bel avenir devant eux.
L’internet des objets atteindra sa masse critique via le NFC
Pour Gartner, le nombre d’objets et de capteurs communicants atteindra une masse critique dans les cinq ans à venir et redéfinira, en conséquence, certains processus de l’entreprise. Le cabinet distingue trois types d’objets communicants clés : les capteurs, les dispositifs de reconnaissance optique tels que les QR codes, et les dispositifs de paiement sans contact NFC (Near Field Communication).
Adoption massive du modèle d’appstore
Les catalogues en ligne d’applications mobiles (appstore) d’Apple et Google regroupent déjà des centaines de milliers de logiciels différents. Selon Gartner, à partir de 2014, il s’y téléchargera plus de 70 milliards d’applications chaque année. Et ce d’autant plus que tous les éditeurs d’applications professionnelles et autres progiciels vont adopter cette architecture de distribution. Cette logique va même se retrouver au sein des entreprises qui déploieront leur propre catalogue d’applications en interne. Au final, au moins la moitié des applications seront déployées via un catalogue d’applications en ligne d’ici 2015. Une analyse que ne dément pas Forrester. Le cabinet rappelle que dans dix ans, plus de 50 % de la population active sera composée d’enfants du millénaire qui ont grandi avec les pouces vissés à leurs mobiles et pour qui le déploiement d’une application s’effectue forcément via un appstore.
Place au décisionnel prédictif
Le grand bouleversement sur le marché de la Business Intelligence (BI) est le passage au temps réel. Alors que les solutions actuelles se contentaient d’expliquer des événements passés, les nouvelles suites décisionnelles vont se concentrer sur l’analyse prédictive de données (même non structurées) en temps réel. Les entreprises qui ne disposeront pas de la puissance de calcul nécessaire pourront faire appel à des nuages informatiques spécialisés dans ce type d’applications.
Big Data : l’ère du noSQL
Evidemment, pour traiter ces quantités astronomiques de données, le modèle relationnel n’est plus adapté. Forrester estime ainsi que seulement 5 % des données de l’entreprise sont exploitées pour prendre des décisions. Les 95 % restants coûtent pour l’instant trop cher à analyser ou l’entreprise ne dispose pas de la puissance de calcul suffisante. Au niveau de l’infrastructure technique, de nombreuses technologies émergent pour tenir la promesse de l’analyse prédictive temps réel. C’est notamment le cas des moteurs de bases de données no SQL tels que Hadoop de la fondation Apache qui vient d’être intégré par tous les grands noms de l’informatique : IBM, Oracle, Microsoft, etc.
L’architecture « In Memory » prend son essor
En plus de l’apparition dans les centres informatiques de nouveaux caches de données basés sur des SSD ou de la mémoire flash, la quantité de mémoire vive disponible pousse les éditeurs à concevoir de nouveaux logiciels dont toutes les données sont stockées en mémoire : décisionnel, bus d’événement, serveurs d’applications, bases de données, etc. Dès 2012, le coût de la mémoire vive aura assez baissé pour que l’architecture tout en mémoire devienne une réalité pour la plupart des éditeurs et des entreprises.
Des serveurs basse consommation pour réduire les coûts
Que ce soit l’Atom d’Intel ou les nouvelles puces ARM 64 bits, les processeurs basse consommation font leur apparition dans les serveurs des centres informatiques. L’objectif est simple : proposer une dissipation thermique jusqu’à 30 fois inférieure aux processeurs traditionnels. Cela permet de réduire les coûts de climatisation qui font actuellement exploser le coût d’exploitation des data centers.
Un premier niveau de maturité pour le cloud computing
Même si le modèle du cloud computing a encore du mal à s’imposer dans les entreprises et les administrations, l’offre arrive à un premier niveau de maturité. Les grands acteurs tels que IBM, Microsoft, Oracle, et SAP proposent tous une offre. Tous les acteurs se concentrent actuellement sur la sécurité avec un foisonnement d’initiatives et de nouveaux programmes de certification tels que FedRAMP et CAMM.
Le poids croissant de la consumérisation
Pour Forrester, les « power users » chamboulent progressivement l’organisation des DSI. Le cabinet d’analyse estime que 30 % des utilisateurs résolvent leurs problèmes avec des technologies qu’ils maîtrisent à la maison et les importent ensuite au bureau. Le phénomène BYOD (Bring Your Own Device) n’en est donc qu’à ses prémices.