Serval, un nouveau logiciel, sous Android, commence à faire parler de lui. Et pourrait inquiéter à la fois les autorités et les opérateurs de télécommunications en rendant caducs les contrôles qu’ils ont, d’une manière ou d’une autre, sur les réseaux.
Développé en Australie par Paul Gardner-Stephen, un chercheur de l’université Flinders d’Adelaïde, aidé par des étudiants de l’INSA de Lyon (Institut national de sciences appliquées), le programme a la particularité de permettre à des téléphones mobiles où il est installé de se connecter directement entre eux sans carte SIM, ni antenne relais. Bref, pour faire simple, il n’a pas besoin du réseau traditionnel d’un opérateur mobile, mais fonctionne plutôt en créant ses propres réseaux. Les appareils dotés de Serval sont en effet reliés entre eux par des réseaux temporaires et mouvants décentralisés, selon le principe d’un maillage, ou mesh en anglais.
Le développeur se serait contenté de revenir aux fondamentaux des recherches d’il y a trente ans sur la communication mobile. Selon Paul Gardner-Stephen, en effet, cité par un article d’Yves Eudes dans le Monde du 22 avril 2012, (« Les réseaux téléphoniques bientôt hors du contrôle des Etats »), «dans les années 1980, les ingénieurs travaillant sur les premiers prototypes avaient imaginé des réseaux mesh, simples et bon marché». Ils avaient cependant été détournés de cette voie de recherche parce que les compagnies «voulaient préserver leur modèle pyramidal contrôlé par le haut, hérité du téléphone filaire -techniquement caduc mais commercialement très profitable». Voilà comment les terminaux mobiles sont aujourd’hui «verrouillés par les opérateurs», obligeant les abonnés «à passer par leurs relais et donc par leurs systèmes de facturation».
Selon Yves Eudes, l’auteur de l’article paru dans le Monde, l’auteur du logiciel «souhaite (le) déployer en priorité dans des régions du tiers-monde délaissées par les opérateurs de téléphonie, et dans des zones où les réseaux ont été détruits par des catastrophes naturelles». Il indique aussi que le programme a reçu un prix dans un concours d’innovation organisé à Séoul, en Corée du Sud, et intéresserait des fabricants chinois d’appareils mobiles. A suivre…