En 2018, Google Ads a pris une décision lourde de conséquences pour l’Afrique. La régie publicitaire a choisi de ne plus accepter les cartes prépayées sur ses plateformes. Ce faisant, elle a rendu les choses encore plus difficiles pour les annonceurs du continent, désormais obligés d’utiliser une carte adossée à leurs comptes courants pour pouvoir lancer des campagnes. « Les grands mastodontes, malheureusement, ont oublié que le continent était à peine à 15 % de bancarisés », a déclaré à ce sujet Abdou C. Dieng, co-fondateur et CEO d’Ad for Africa (Adafri).
Adafri s’est engouffré dans la brèche. Cette startup sénégalaise revendique un pool de plus de 250 clients réguliers. Ceux-ci sont des TPE sans véritable connaissance en marketing digital, des PME qui trouvent Google Ads trop compliqué et des entreprises à plus de 2 milliards de FCFA de chiffre d’affaires ne souhaitant pas exposer leurs données bancaires. Dans cette dernière catégorie, des compagnies comme Promobile, Canal Olympia, Trace ou encore Volkswagen lui ont confié leurs budgets. Et il s’agit de millions de FCFA.
La raison de ce succès ? La mise à disposition d’un outil marketing digital qui se veut puissant, techniquement simple et adapté. Il fonctionne sur la base d’un algorithme qui « garantit +30 % de performances ». Adafri automatise les campagnes sur le réseau Google Ads de sorte à faire de tout type d’utilisateur un pro de la publicité. Les annonceurs bénéficient de rapports faciles à interpréter et d’une traçabilité claire de leurs budgets. Des avantages très appréciés, fournis à des tarifs incroyables.
En effet, là où une agence de publicité facture les clics à 111 FCFA l’unité, Adafri demande quasiment trois fois moins aux clients. La compétitivité est aussi au rendez-vous pour la seconde offre de l’entreprise. Pour un abonnement mensuel de 3 000 FCFA, les clients désireux de disposer d’un site web peuvent avoir accès à l’éditeur drag & drop de la plateforme et à un nom de domaine. De quoi envoyer un nombre important de développeurs à la retraite.
L’avantage concurrentiel d’Adafri est indéniable et nous avons pu voir la confiance que ses fondateurs accorde à sa pérennité. C’est l’un des éléments saillants qui est ressorti de l’entretien qu’Abdou Dieng a accordé à AITN. Elle est renforcée par le paysage concurrentiel direct de leur société. Dans toute l’Afrique, seule la « demand-side platform » Eskimi propose le même service. Et cet acteur a les regard tourné vers la région anglophone. Adafri a donc le temps, conformément à ses projets à moyen et long terme, asseoir sa suprématie dans l’UEMOA, puis dans la CEMAC et même au Maghreb.
Petit bémol à noter, si on fait fi de son avantage de premier entrant, les atouts d’Adafri reposent sur des capacités technologiques. Il est donc possible de le copier assez rapidement. Surtout que les géants technologiques mondiaux pourraient très bien se rappeler du déficit de bancarisation des Africains.