La société de consommation a une caractéristique qui est régulièrement clouée au pilori depuis quelques années. Il s’agit du gaspillage. En occident, cette problématique a excité la fibre innovatrice de nombreuses entreprises. Toute une économie a été fondée autour des concepts de développement durable, de partage ou encore de responsabilité sociétale. Ils ne sont pas encore dominants dans la conscience collective africaine. Ce, même si plusieurs concours et programmes d’incubation mettent en avant un volet social. Toutefois, un entrepreneur averti peut s’en inspirer pour trouver des solutions adaptées à l’Afrique. C’est le cas de Cletus Razakou, un Togolais qui a créé l’application Afroplan.
Afroplan, une plateforme qui met tout le monde d’accord

C’est une plateforme qui met en relation des commerçants désireux d’écouler leurs invendus, et des consommateurs qui souhaitent acheter des produits moins chers. Afroplan lutte merveilleusement contre le gaspillage alimentaire. La création de Cletus est née du constat que le grand public était mal informé des promotions dans les supermarchés. Elle permet aux entreprises de gagner plus que d’habitude lors des opérations de déstockage et des moments de péremption. Les consommateurs qui ont des budgets serrés y trouvent aussi leur compte.
En plus des supermarchés, l’application affiche aussi les restaurants et d’autres types de magasins. Elle rassemble toutes leurs promotions en un seul endroit et utilise un système de notifications pour alerter les utilisateurs. Afroplan dispose également d’une cartographie pour indiquer où se trouvent les commerces en promo. L’application est gratuite pour le consommateur. Seuls ceux qui ont quelque chose à vendre se voient facturés pour la mise en ligne de leurs produits. Ils peuvent aussi acheter des espaces publicitaires s’ils y trouvent un intérêt.
Autant d’éléments qui ont assuré un certain succès à la plateforme web et mobile dans plusieurs pays comme le Togo, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Les difficultés n’ont pas été inexistantes, notamment le manque de puissance des smartphones des personnes ciblées. Un état de fait qui compliquait le téléchargement et l’utilisation de la solution. Fort de la jeunesse de son équipe et de l’originalité de son idée, l’entrepreneur togolais a réussi à séduire 1 000 utilisateurs en 2017. Son site web affiche en ce moment des chiffres intéressants : plus de 32 000 fans sur Facebook, 1200 offres disponibles et 102 commerces partenaires. Afroplan est désormais une plateforme multiservices, avec laquelle on peut faire ses courses de supermarché, profiter de promotions, comparer des prix, trouver des idées de cadeaux et réaliser des achats groupés.
Lutte contre le gaspillage alimentaire ou simplement lutte contre la faim ?

Clétus Razakou n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre que le but de sa solution est de lutter contre le gaspillage alimentaire. « Aujourd’hui, 150 millions de tonnes d’aliments sont gaspillées chaque année alors qu’il y a 220 millions de personnes vivant en Afrique subsaharienne qui souffrent de la faim. » C’est généralement comme ça que le jeune entrepreneur introduit ces discours de présentation d’Afroplan. L’application n’est pas la première à lutter contre le gaspillage alimentaire. Rien qu’en France, on peut citer Too Good to go, Optimiam ou encore Zéro-Gâchis,
Ces trois plateformes présentent de fortes similarités avec celle de Cletus. Par essence, ce sont les-mêmes. Ce qui les différencie clairement, c’est le marché-cible. En effet, le Français moyen ne souffre pas de la faim. Les motivations qui l’animent lorsqu’il utilise une application du genre sont d’un autre ordre. Certes, les marques mettent en avant la possibilité d’optimiser son budget. Mais ce qui compte plus que tout pour le consommateur occidental, c’est l’envie d’être éco-responsable, d’agir pour la planète et les générations futures.
Afroplan s’adresse à un marché qui a du mal à avoir accès aux ressources alimentaires. Le produit remplit une mission de salut public pour l’Afrique d’aujourd’hui avant tout. Non pas que l’Africain ne soit pas sensible aux préoccupations écologiques et de développement durable. Il ne peut tout simplement pas les aborder de la même manière qu’un Français, un Anglais ou un Américain.