The Wall Street Journal (WSJ) a récemment donné plus de détails au sujet d’une affaire vieille de plus d’un an. Elle concerne la rupture entre Sean Joyce et la licorne américaine Airbnb. Cet ancien directeur adjoint du FBI avait été engagé par la plateforme immobilière en mai 2019. Elle l’avait nommé directeur de sa fiducie, dans le but de mieux garantir la sécurité des utilisateurs de sa plateforme. Après seulement six mois à ce poste, l’ancien agent fédéral avait démissionné pour « une différence de valeurs » avec son employeur.
Des sources ont révélé de plus amples informations sur ce divorce. Les raisons évoquées (mais non confirmées par l’intéressé) méritent l’attention. A en croire le WSJ, la fameuse différence de valeurs est relative à la façon dont Airbnb partage les informations personnelles de ses utilisateurs avec le gouvernement chinois. Sean Joyce se serait alarmé du fait que la compagnie n’était pas totalement transparente sur le traitement fait des données des internautes. Ce partage concernerait non seulement les utilisateurs chinois, mais aussi les étrangers séjournant dans le pays asiatique. Des Américains en seraient victimes, ce qui laisse penser que toutes les autres nationalités ne sont pas épargnées.
Les informations exigées par Pékin comprennent les numéros de téléphone, les adresses email ainsi que les messages entre les utilisateurs et la société. Les autorités chinoises auraient même requis un accès en temps réel chaque fois qu’une personne réserve une propriété pour la première fois. Une demande qu’Airbnb serait prête à accepter afin de pouvoir continuer à exercer en Chine. Ce serait donc très inquiet des abus qui pourraient découler de cela (surveillance de masse, répression des minorités ethniques) que Sean Joyce a rendu sa démission.
Dans un contexte de guerre économique et une époque où la donnée à plus de valeur que l’or, cette affaire est de nature à alimenter le débat sur les questions de surveillance et de vie privée. Le monde entier est déjà espionné par les Etats-Unis. Cela a été rendu public par des lanceurs d’alerte comme Edward Snowden. La Chine veut clairement faire pareil. Vu son influence grandissante sur le continent africain, la question de la souveraineté numérique ne peut manquer de se poser.