Le constat est clair et manifeste, les technologies numériques se sont rapidement répandues au cours des vingt dernières années en Afrique. En revanche, les avantages pour le développement grâce à l’utilisation de ces technologies se font encore attendre. Dans l’optique de favoriser les dividendes numériques, il est aujourd’hui nécessaire d’encourager et d’accompagner les tech hubs, fers de lance de l’entreprenariat en Afrique.
Au cœur de ces hubs technologiques, les innovateurs et les entrepreneurs se réunissent, partagent leurs idées, et construisent le continent de demain tout en améliorant leurs performances commerciales. Mais si nous voulons que de nouvelles entreprises fleurissent, porteuses de business models révolutionnaires et profondément africains, les tech hubs eux-mêmes doivent pouvoir assurer leur propre stabilité afin de fournir un soutien durable aux entrepreneurs. Lorsqu’on le mesure en termes financiers, les écosystèmes technologiques africains sont minuscules comparés aux modèles de la Silicon Valley ou de Shenzhen, qui sont pourtant les piliers de la croissance économique américaine et chinoise. Il nous faut développer les tech hubs dans les contextes africains, et nous donner les moyens de les financer.
Cette vision s’inscrit heureusement dans un continent plein de possibilités. Si l’on considère l’expansion d’année en année de la création de start-ups et de centres technologiques, l’Afrique est le marché technologique qui connait la croissance la plus rapide au monde. En 2017, le continent a connu la plus forte augmentation mondiale du nombre d’internautes, soit 20%, selon un rapport GSMA. Les défis auxquels nous devons répondre pour développer l’écosystème tech sont donc largement surmontables.
KeyOpsTech, spécialiste digital de la livraison de courriers et colis en Afrique a pu faire l’expérience des principaux obstacles au développement des hubs : un décalage handicapant existe entre les objectifs des praticiens de l’innovation et les plans qu’ils peuvent mettre en place sur la base des infrastructures existantes en Afrique pour atteindre ces objectifs. Un retard dans la modernisation en Afrique freine aujourd’hui l’entreprise dans la sécurité de ses transferts, l’autonomie de ses utilisateurs et la traçabilité de ses colis. Le déficit de réseaux engendre une perte de vitesse préjudiciable dans un monde accéléré, entièrement connecté, où le big data ne cesse de grandir. En cela, les hubs sont un tremplin vers une amélioration de la situation par le partage d’idées et de solutions de brillants innovateurs.
Plusieurs facteurs sont à considérer dans l’émergence des hubs technologiques. Tout d’abord, l’offre d’un tech hub doit répondre à la demande : pour qu’une ville soit classée comme pôle technologique, il faut qu’elle ait une forte réputation de diplômés hautement qualifiés. Les pays africains doivent donc augmenter le nombre de diplômés de haut niveau en informatique et en ingénierie, en particulier. Il y a plus de 600 centres technologiques actifs en Afrique, selon le programme d’accélération des écosystèmes de la GMSA et BriterBridges. Mais la concentration des technopoles est sans surprise où près de 50 % de tous les centres du continent sont localisés au Kenya, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Égypte ou au Maroc. Il est également crucial, en plus d’améliorer tech hubs existants, de permettre aux pays les moins avancés de créer leurs propres solutions par le biais d’investissements dans l’éducation.
Au fur et à mesure, ces problématiques évoluent, et les hubs apportent eux-mêmes des solutions à leurs difficultés. L’inclusion, l’efficacité et l’innovation sont les principaux mécanismes permettant de promouvoir le développement africain, trois fondements au cœur de l’écosystème des tech hubs. Le développement de ceux-ci doit devenir une priorité, il en va de la souveraineté africaine.
Madiodio Gaye, Lead developer chez KeyOpsTech, première entreprise qui digitalise le suivi de livraison de colis et de plis en Afrique. Elle est implantée en Côte d’Ivoire et au Sénégal depuis 2018, ainsi qu’au Mali et au Burkina Faso depuis 2019.